C’est à l’École militaire de Brienne, en Champagne, que Napoléon Bonaparte passa une partie de sa jeunesse, de mai 1779 à octobre 1784. Brienne avait été choisie en 1776 par le comte de Saint-Germain, secrétaire d’Etat à la Guerre, comme siège d’une des 12 écoles préparatoires à la grande École militaire de Paris. Administrée par les Minimes de l’Ordre de Saint-Benoît, l’École de Brienne accueillait 60 pensionnaires fortunés et 60 élèves-boursiers choisis parmi la noblesse pauvre. Bonaparte, qui dépendait de cette deuxième catégorie, recevait une pension royale annuelle destinée au financement de ses études. L’enseignement dispensé, outre des cours de fortifications militaires, était tout à fait traditionnel : français, latin, mathématiques, histoire, géographie, complétés par des cours de dessin, de musique et d’escrime. Pendant cinq années, le jeune Bonaparte fut coupé des siens comme le prévoyait le règlement de l’École. Le régime était austère, la discipline sévère et le climat champenois particulièrement rude en hiver dans les cellules sans chauffage qui servaient de chambre aux pensionnaires.
À la séparation familiale s’ajoutait l’isolement politique, social et linguistique. Considéré comme un vaincu et un parvenu, ne parlant qu’un patois corse et très imparfaitement le français, Napoléon se replia sur lui-même et se réfugia dans le travail, méprisant ses congénères qui le lui rendaient bien. Du célèbre sobriquet de « la paille au nez » à l’épisode de la bataille de boules de neige au début de 1784, premier fait d’armes de la légende napoléonienne, les anecdotes sont nombreuses quant à la vie du futur Empereur lors de ces années de formation.
Quittant Brienne le 30 octobre 1784, après sa réussite à l’examen d’artillerie, pour rejoindre l’École militaire de Paris, Napoléon n’y revint qu’en 1805, lors de son départ pour Milan où il devait être sacré Roi d’Italie. L’École, fermée en 1790, avait été en partie détruite durant la Révolution. Napoléon fit alors remettre 12 000 francs au maire pour procéder aux réparations jamais entreprises. L’Empereur séjourna une dernière fois à Brienne en 1814, installant son Q.G. au château lors des batailles de Brienne et de la Rothière. Étrangement, la ville de Brienne fut ainsi associée à trois moments symboliques de l’épopée. Elle le fut une dernière fois quand Napoléon lui légua de Sainte-Hélène la somme d’un million. C’est Napoléon III qui exécuta partiellement ce legs en consacrant 100 000 francs à l’édification de l’Hôtel de Ville. Face à la mairie, une statue de Bonaparte par Rochet érigée lors de l’inauguration en 1859, le représente à 15 ans en costume de l’Ecole militaire. Le piédestal porte en guise d’inscription un bel hommage rendu par Napoléon à une ville qui fut déterminante pour lui : Pour ma pensée, Brienne est ma patrie, c’est là que j’ai ressenti les premières impressions de l’homme.
Karine Huguenaud (2001)
Présentation du Musée Napoléon de Brienne-le-Château
Brienne-le-Château a traversé les siècles, accueillant de grandes familles françaises – des Brienne aux Bauffremont, mais surtout les Loménie dont l’influence auprès du roi Louis XVI a permis la création de l’École Royale Militaire en 1776. L’école de cadets gentilhommes se transforme alors en institution d’élite pour les jeunes nobles de France. Parmi ses élèves les plus célèbres figure Napoléon Bonaparte, qui y passa cinq années décisives pour son avenir. Les liens entre Napoléon et la ville se sont forgés lors de trois grandes étapes :
• L’enfance et la formation (1779-1784) : c’est à Brienne que le jeune Bonaparte, issu d’une famille noble mais modeste, forge son caractère et acquiert les bases de son génie militaire.
• Le retour triomphal (1805) : sur la route de Milan pour être couronné Roi d’Italie, l’Empereur retrouve les terres de son adolescence, auréolé de gloire.
• La bataille de Brienne (1814) : premier jour de la Campagne de France, Napoléon affronte les troupes russo-prussiennes, une victoire sans lendemain puisque cette campagne marque le déclin de son épopée.
Ces trois moments sont décrits comme l’aube, l’apogée et le crépuscule de Napoléon Bonaparte.
Un musée pour raconter Napoléon et Brienne
Le Musée Napoléon né par la volonté d’élus et de passionnés en 1969, est installé dans le bâtiment encore existant de l’École Royale Militaire et propose une plongée dans ces moments historiques où Brienne fut le témoin et le théâtre de l’histoire impériale. Celui-ci, classé Monument Historique en 1933, a fait peau neuve pour offrir une expérience moderne et immersive. Labellisé « musée de France », il est tant un musée d’histoire qu’un musée « d’histoire des représentations ». Il ne s’intéresse pas qu’à l’image napoléonienne, mais surtout à la manière dont Napoléon a été perçu, représenté et commémoré au fil du temps.
Grâce à une muséographie renouvelée en 2018, le musée met en lumière ses collections variées sur une surface de 250 m2 illustrant quatre thématiques :
1. Construction d’une silhouette
2. Tacticien et stratège
3. Le réformateur
4. Napoléon intime
Un lieu pour tous les publics
Le musée se veut également un lieu vivant et accessible, avec des espaces de médiation et d’exposition temporaire. L’ancienne chapelle a été transformée en salle polyvalente de 66 m², pouvant accueillir des ateliers pédagogiques, des conférences ou des événements culturels.
Ouvert toute l’année, le Musée Napoléon propose des visites guidées pour les groupes, des animations pour les scolaires et des activités adaptées aux programmes de l’Education Nationale, notamment dans le cadre du Pass Culture. C’est ainsi entre 8 000 et 10 000 personnes qui sont accueillies au musée tous les ans.
Un atout touristique et patrimonial majeur
En perpétuant l’héritage napoléonien, le musée contribue au rayonnement de Brienne-le-Château et de son territoire. Entre mémoire locale et histoire universelle, il offre aux visiteurs une occasion unique de mieux comprendre l’homme derrière la légende, tout en s’imprégnant de l’histoire de France.
La Fondation Napoléon remercie chaleureusement le musée Napoléon de Brienne-le-Château pour son aimable autorisation de publication (mars 2025)